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La vie municipale de 1939 à 1946


Il n’était évidemment pas question d’organiser des élections pendant la période de guerre. C’est la raison pour laquelle la municipalité d’Alphonse Jeanson, élue en 1935, a vu son mandat prolongé jusqu’à la Libération.
Malgré les absences et les défections, le conseil a continué à se réunir régulièrement pendant les années de guerre, à l’écoute des besoins de la population.
Comme on peut le deviner, la rareté des autres combustibles a fait que le bois est devenu un bien très précieux. On dresse le 30 novembre 1940 une liste de 336 « affouagistes » ; parmi eux, les boulangers reçoivent une attribution spéciale de « charbonnette » pour cuire leur pain. En 1944, les choses se passent mal.
Si certains affouagistes ont pu enlever le bois qu’ils avaient façonné, cela n’a pas été le cas des vieillards, des veuves, des femmes de prisonniers qui, faute de moyens de transport, on dû le laisser dans la forêt, où il a été volé par l’armée américaine. Le préfet propose d’attribuer en compensation aux habi-tants les chablis provenant de bois mitraillés au canton de Champelle.
Faute de matériaux et de main d’oeuvre, on doit se contenter de réali-ser les travaux les plus urgents : par exemple la consolidation du clocher de l’église et la réparation de l’escalier du perron. Mais il est un projet qu’Al-phonse Jeanson entend bien mener jusqu’à son terme : celui de l’adduction des eaux d’exhaure de la mine Steinbach.
Le projet établi par le Service des Ponts et Chaussées est adopté par le conseil municipal dans sa délibération du 5 octobre 1940. Il comprend une galerie de captage située au fond de la mine, deux réservoirs permettant le stockage temporaire de l’eau et un réseau de distribution suivant les rues du village.
Le préfet pousse à la réalisation des travaux d’adduction, car il y voit un moyen de lutter contre le chômage. Les subventions accordées permettent de financer une grande partie du projet, mais la commune doit tout de même emprunter 868 400 francs, sur trente ans, à 3%, auprès de la Caisse des dépôts et consignations, avec un différé d’amortissement de trois ans.
L’interruption forcée des travaux, en novembre 1942, plonge la com-mune dans une situation très difficile : il faut commencer à rembourser l’em-prunt alors que les recettes attendues de la vente de l’eau ne sont pas encore réalisables !
 
Cependant, Alphonse Jeanson n’a pas atteint le terme de son mandat. Il est mort de maladie en novembre 1944 et c’est son adjoint, Eugène Lamotte, qui a assuré l’intérim jusqu’aux élections d’avril 1945.
Réuni pour la première fois le 20 mai 1945, le nouveau conseil est très différent du précédent. Outre le rajeunissement de ses membres, la grande nouveauté est la présence pour la première fois de deux femmes : Lucienne Leclère née Jacob et Olga Lurot, née Léger.
Les autres membres, que les plus âgés d’entre nous ont bien connus, étaient Louis Ceretto, Auguste Duhant, Roger Lacour, Marcel Lurot, Jean Meu-nier, Albert Musquin, Léon Oury, Jean Poisot, Charles Roch et Jean Vieillot.
L’élection du maire a été très ouverte. Jean Meunier n’a été élu maire qu’au deuxième tour, avec 7 voix sur douze. L’élection de l’adjoint a été encore plus serrée : Auguste Duhant n’est passé qu’au troisième tour, lui aussi avec 7 voix. Au cours des premières années de cette nouvelle municipalité, le conseil doit se contenter de réparer les séquelles de la guerre. Les conditions de vie des habitants restent difficiles, en raison de la hausse importante du coût de la vie et du maintien des restrictions alimentaires.
Le conseil s’occupe d’organiser les affouages et s’efforce de moder-niser les écoles : on repeint l’école des filles et on aménage des cabinets à l’école de garçons !
La principale décision est celle qui consiste à nommer un nouveau garde champêtre, chargé de la police rurale, car tous les anciens avaient été licenciés. Le conseil propose le maintien dans cette fonction d’Hippolyte Courquet, qui l’exerçait depuis 1934. Mais le préfet rejette cette nomination, au motif que le candidat est trop âgé. Le choix du conseil se porte le 28 mars 1946 sur un ancien militaire, Roger Christini.
L’autre décision importante est la réfection du Monument aux morts, où l’on inscrit les noms des personnes tuées pendant la deuxième guerre mondiale. Le Comité qui est chargé de cette tâche comprend, outre le maire, les directeurs d’école, M Smouts et Mme Dupoux, le curé Louyot, qui a été déporté à Dachau, et plusieurs anciens combattants et prisonniers de guerre.
Les pourparlers reprennent au début de 1947 avec l’administration des Ponts et Chaussées pour relancer les travaux d’adduction d’eau, mais il faudra attendre encore plusieurs années, et l’élection en 1947 d’une municipalité très dynamique, avant qu’ils soient réalisés.
Jean-Claude Bonnefont