Vous êtes ici :

Chavigny en 1914



Pour bien mesurer les bouleversements qui se sont produits après la Grande Guerre dans la vie du village et de ses familles, il est bon de faire le tableau de ce qu’était Chavigny en 1914.
Le territoire de la commune avait été réduit à 688 hectares, du fait de l’attribution à Neuves-Maisons, en 1910, de la partie sud du village (75 ha), qui comprenait la Vieille Forge et le Val de Fer. De ce fait, la population était tombée de 1243 à 1144 habitants au recensement de 1911. Cette amputation avait été le résultat d’un long conflit, dont l’issue était connue d’avance: la commune de Neuves-Maisons, appuyée financièrement et politiquement par l’usine de la Haute Moselle, pouvait assurer à ces habitants trop éloignés du centre de Chavigny, en matière d’école ou de distribution d’eau, des prestations que la commune de Chavigny était incapable de leur offrir.
Cette décision imposée par les pouvoirs publics, a laissé longtemps beaucoup d’amertume dans l’esprit des habitants.
Le maire en 1914 est toujours Jean-Baptiste Aubert, élu en 1908, réélu en 1911 et 1912. Il a pour adjoint Pierre Vermoyal. Le conseil comprend au total douze membres. Le maire est assisté d’un appariteur (Claude) et d’un garde champêtre (Hector, qui vient de remplacer George). Le lieutenant Salomon dirige les pompiers.
Le village en 1914 compte deux écoles. M Bertrand assisté d’un adjoint, fait la classe aux garçons, derrière l’ancienne mairie; Mle Ducret, qui a aussi une adjointe, s’occupe de l’école des filles, dans l’actuelle mairie, où Mme Chambonnet accueille en outre les plus petits dans une garderie.
M Bertrand est secrétaire de mairie et responsable de la société de tir scolaire et post-scolaire, qui a beaucoup de succès, en ces années où l’on prépare la « revanche » sur l’Allemagne.

Commerçants et artisans en 1914

Les commerçants sont nombreux. Ce sont surtout, d’après l’Annuaire de Meurthe-et-Moselle de 1913, des aubergistes, cafetiers et restaurateurs, qui sont au
nombre de treize : Chalaye (J et J.Nic.), Péquignot à la Brasserie de la Belle Vallée, Guerrier, Pillot, Mion, Bufferne, Mangin, Poisot, veuve Gillet, Perrnollet, Benoît au café de la Gare, Raoux au café de la Cascade.
Les habitants peuvent faire dans le village tous leurs achats courants : on y trouve un boucher (qui s’appelle Boulangé!), un boulanger (Marchal), un buraliste (Babillon), deux coiffeurs, un cordonnier et six épiceries, qui vendent aussi des articles de ménage (Marchal, Clément, Mangeot, l’épicerie « rouge », un succursaliste et les Coopérateurs).

L’artisanat est représenté par deux forgerons (Pillot, Babillon) et trois menuisiers (Mangeot, Viard, Poisot). Il ne reste que quatre vrais agriculteurs : Aubert, Bottin, Lataye et Rousseau, mais sept habitants se disent encore viticulteurs. Aucun médecin n’habite le village, mais il y a une sage-femme, Mme Morel.

Le quotidien

Chavigny est desservi par le tramway électrique, mis en service en 1911. Mais rares encore sont ceux qui en profitent pour aller travailler à Nancy.
Les mineurs se répartissent toujours entre la mine du Val-de-Fer et les autres mines, qui ne seront définitivement fermées qu’à la suite de la guerre. Les 179 maisons sont presque toutes alignées le long de la rue principale. Les seules rues adjacentes sont celles des Ecoles, de la Rosière, du Pressoir, du Bouchot, du Presbytère et il existe deux écarts : la Tuilerie et la Forestière.
Les relations entre la municipalité et la paroisse, qui avaient été très mauvaises, se sont améliorées avec l’arrivée de l’abbé Paul Birckel en août 1907. M Marcel Mangeot nous a procuré un document, daté du 16 septembre 1907, qui change l’interprétation que nous avions donnée dans le précédent bulletin de la location du presbytère à son grand-père Maxime Mangeot : ce dernier, qui a reçu l’autorisation de sous-louer, n’était que l’intermédiaire entre la commune et l’abbé Birckel, son sous-locataire; et le maire était parfaitement au courant de cet arrangement destiné sans doute à «sauver la face» de la municipalité, puisque la signature de l’abbé Birckel figurait, comme caution, au contrat de location! Le nouveau curé a donc pu s’installer au presbytère sans délai.
Sous l’impulsion de l’abbé Birckel, le patronage Saint Blaise monte avec les jeunes gens du village des spectacles de théâtre, dont le souvenir est resté jusqu’à nos jours.

Jean-Claude Bonnefont