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Chavigny entre 1914 et 1918



Les années de la Grande Guerre ont été pour les familles de Chavigny des années de deuil et de privations, tandis que faute de moyens, la vie municipale se déroulait au ralenti.
Sur les douze conseillers composant le conseil, six sont mobilisés, parfois sur place, comme « affectés spéciaux », mais souvent retenus à l’usine pour des travaux urgents : le nombre des présents aux séances oscille pendant toute la guerre entre 4 et 6. Le maire en 1914 est Jean Baptiste Aubert. Lorsqu’il présente sa démission, en janvier 1915, le préfet nomme un conseiller municipal délégué pour faire fonction de maire : il s’agit de Jules Paillier. Par la suite, la situation s’est normalisée, et c’est le premier adjoint, Pierre Vermoyal, qui a fait fonction de maire à son tour.
Lors des premiers mois de la guerre, la menace allemande est toute proche, et Chavigny se trouve dans la
« zone des armées ». Le conseil municipal, dont la moitié des membres sont sous les drapeaux, doit se contenter de faire connaître et d’appliquer les décisions de l’autorité militaires et d’expédier les affaires courantes.

Guerre et retombées financières

Il faut notamment gérer les pénuries alimentaires, secourir les familles nécessiteuses et délivrer des laissez passer aux personnes qui désirent se déplacer. La municipalité sert aussi d’intermédiaire pour les réquisitions d’hommes et de chevaux, comme celles qui, en août 1914, ont pour but la mise en état de défense du Fort de Pont-Saint-Vincent .
Les finances communales sont obérées à la fois par les dépenses exceptionnelles dues à la guerre et par l’absence de certaines recettes, comme celles tirées de la forêt. Si l’équilibre du budget est maintenu, c’est parce que l’on renonce à tout nouvel investissement.
On reporte systématiquement tous les travaux, que la pénurie de main d’oeuvre et la hausse des matières premières rendraient trop coûteux, avec l’espoir de les faire lorsque la paix sera revenue.
Les principales dépenses imputables à la guerre sont des mesures sociales, au profit de différentes catégories d’ayants droit. Le conseil vote des aides aux familles nombreuses, aux femmes en couches, aux enfants dont le

 
père est sous les drapeaux, aux parents infirmes dont le fils est mobilisé, puis aux veuves avec enfants dont le mari est tombé à la guerre.Les seules dépenses auxquelles on ne touche pas sont les dépenses scolaires.

Le quotidien pendant la guerre

Lorsqu’à partir de 1915, le danger d’une attaque allemande imminente semble passé, le conseil municipal revient à des débats plus traditionnels. Il s’occupe longuement de la création d’un atelier de bouilleur de cru, pour la distillation des mirabelles.
Mais c’est surtout la forêt qui fait l’objet de longues délibérations. La coupe affouagère de 1914 n’a pu être délivrée, en raison des circonstances, mais à partir de 1915, on reprend le rythme annuel de son exploitation.
Les militaires ont fait beaucoup de dégâts dans la forêt : ils ne se sont pas contentés de ramasser tout le bois mort, ils ont aussi coupé sans permission des arbres dans des coupes qui ont ainsi perdu une partie de leur valeur, comme on le constate en 1918.
En outre, l’armée ne paie que 14 francs des stères de bois de chauffage qui, sur le marché libre, en valent 38 ! On veut bien faire des sacrifices pour la défense de la patrie, mais cela n’empêche pas de protester !
La municipalité accorde plus facilement son autorisation lorsqu’à plusieurs reprises, à partir de septembre 1915, le directeur de la Mine de la Fontaine des Roches demande à ouvrir dans la forêt communale, puis à étendre, des carrières destinées à l’empierrement des routes militaires. Il s’agit en effet de surfaces peu productives et difficiles à exploiter.
Les conséquences de la guerre ont été considérables sur le plan démographique: un grand nombre de jeunes adultes ont été tués, soixante dix noms sont inscrits sur le monument aux morts de la commune; d’autres, qui avaient vécu au loin pendant les années de conflit, ont pris de nouvelles habitudes et ont quitté définitivement le village. Ils ont été progressivement remplacés par une population nouvelle mais l’essor démographique antérieur a été complètement cassé.
Les années de l’entre-deuxguerres ont été une période de calme, de stagnation et d’adaptation aux conditions économiques nouvelles d’après 1918.

Jean-Claude Bonnefont