La Révolution industrielle...
Le terme de "révolution indus t r i el l e" , que les historiens emploient pour caractériser la naissance en Europe occidentale de nouvelles industries fondées sur le charbon, le fer et la généralisation de la machine à vapeur, s'appli- que particulièrement bien à notre village: qui aurait pu prévoir, en 1850, ce que Chavigny était devenu en 1880 !
Le fait majeur est l'octroi des premières concessions miniè-
res: le maître de forges Jean Alfred Moreau obtient celle de Chavigny et Ludres en 1856; il est suivi en 1870 par Jules
Adam, Simon, Lemut et compagnie, à la Fontaine des Roches, en 1873 par Dupont Fould à Ludres et surtout en 1874, par la Société Métallurgique de la Haute Moselle, qui est autorisée à exploiter celle du Val de Fer.
...à Chavigny
Le minerai provenant de la mine de Chavigny, dite Steinbach, dont l'entrée se trouve dans le haut du village, près de "l'épingle à cheveu", sort par une galerie au-dessus de Ludres et est emmené par chemin de fer à l'usine de Jarville. Ceux de Dupont Fould et de la Fontaine des Roches sont également conduits par chemin de fer dans des usines situées au nord de Nancy.
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Seul le minerai du Val de Fer est destiné à alimenter une usine locale: celle que la Société Métallurgique de la Haute-Moselle commence à construire à Neuves-Maisons à partir de 1872. Comme la production de cette mine du Val de Fer s'accroît sans cesse, une ligne de chemin de fer est créée en 1884 entre la mine et l'usine: elle traverse en boucle tout le territoire de Chavigny, sépare le haut du village de sa partie centrale et longe le versant oriental de la vallée en traversant un tunnel, qu'on a surtout construit pour éviter les glissements de terrain sur ces pentes réputées instables. On l’appelle aujourd’hui « le Chemin du Coucou ». Les protestations des habitants contre cette voie ferrée qu'ils considéraient comme une atteinte à la qualité de leur vie ont été rejetées et la municipalité a simplement obtenu une indemnité de 10 000 francs.
et ses bouleversements.
Ces transformations se produisent au moment où la
Lorraine commence à devenir, avec le Nord, une grande région industrielle française. Les besoins en fonte et en acier sont considérables, pour l'équipement des chemins de fer, la construction d'usines et même l'architecture. La guerre de 1870-71, qui prive la France de l'Alsace-Lorraine, rend très précieuses les mines de fer du bassin de Nancy, en attendant que montent en puissance celles du Pays-Haut, qui sont plus profondes. Mais l'agriculture aussi est stimulée: elle doit nourrir une population accrue par l'immigration des Alsaciens Lorrains qui ont choisi de rester français et par les mineurs qui viennent de diverses régions de France ou de l'étranger pour travailler dans les nouvelles mines. C'est une génération qui travaille dur, à la mine comme dans les champs, et pour de longues journées de douze heures. Nous verrons dans un prochain article comment mineurs et vignerons ont coexisté dans le village, parfois d'une manière tendue, avant de se fondre pour former une seule population.
Jean-Claude Bonnefont
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