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Repères historiques

Lorsqu'on évoque l'histoire des « Castors », il faut se replacer au lendemain de la 2ème guerre mondiale, essentiellement de 1950 à 1960. Le problème du logement, comme celui de la protection sociale, se posent avec force au lendemain de la libération.
Sans parler des immeubles détruits dans les zones de bombardement, un grand nombre de logements présentent ailleurs un aspect vétuste, délabré, insalubre. D'autre part, de nombreux jeunes hommes et jeunes femmes - dont les premiers Castors - aspirent à un logement sain, agréable, doté d'un confort normal, et possédant si possible un jardin. Mais ils sont pauvres : employés, ouvriers, n'ayant que leur salaire pour seul capital. Et pourtant, ils sont dotés d'une volonté qui résistera à l'épreuve du temps, malgré les sarcasmes dont ils seront l'objet.
Un Ministère de la reconstruction et de l'urbanisme avait été créé dès la fin de la guerre. Il y avait donc des possibilités de financement par l'Etat, mais pour concrétiser leur projet, les Castors devaient constituer un groupe, construire ensemble, les uns pour les autres, en travaillant eux-mêmes, sans relâche, afin d'aboutir à des prix plus conformes à leurs modestes possibilités financières.
 

On peut distinguer assez nettement deux phases du mouvement Castor :

Première période de 1945 à 1950
Des familles se regroupèrent dans quelques villes de France (Lyon, Villeurbanne) pour construire. Les groupes étaient de nombre restreint, et peu coordonnés entre eux. Ce ne fut que petit à petit que les constructeurs se rencontrèrent et confrontèrent leurs expériences, parfois par hasard, parfois du fait d'un engagement politique ou social commun. A la fin de l'année 1949, alors que les premières maisons sortent de terre, le mouvement s'étend de plus en plus rapidement et s'organise. Les trois premiers chantiers importants sortent de terre : Pessac dans la banlieue bordelaise, puis Montreuil dans la région parisienne et Rezé dans la banlieue nantaise. L'expérience pionnière du mouvement Castor organisé fut celle des membres du Comité ouvrier du logement de Bordeaux, dont le chantier débuta en 1948. Les Castors de Rezé et de Montreuil leur emboîtèrent rapidement le pas. Ces expériences furent aussi le fruit, au-delà des seules conséquences de la crise du logement - qui n'aurait pas suffi, à elle seule, à le déclencher -, de projets communautaires portés par divers mouvements politiques et sociaux. Ces mouvements communautaires étaient nés pendant l'Occupation ou juste après la guerre, et leurs initiateurs se retrouvèrent à l'origine de nombreux chantiers : d'anciens membres des Communautés de travail, telle la communauté de Boimondau de Marcel Mermoz ; des membres de l'Entente communautaire de Gaston Riby, dont était membre Michel Anselme, qui fut le secrétaire général de l'Union nationale des Castors. Les deux aspects - réponse à la pénurie de logements, projet communautaire - sont en fait présents conjointement dans la plupart des entreprises Castors, mais variables dans leur combinaison suivant les opérations, les régions, les origines des auto-constructeurs.
 
La seconde période : à partir de 1950
La seconde phase débute avec la création de L'Union nationale des Castors (UNC) à la fin de l'année 1950, « dans le but de coordonner l'action des différents groupements de Castors, de les conseiller administrativement, juridiquement, financièrement et techniquement, et de les représenter auprès des administrations des organismes compétents ». Le principe de l'apport-travail fut acquis avec l'expérience de Pessac, et reconnu par une décision interministérielle du 5 mai 1949. L'UNC structura peu à peu la majeure partie du mouvement Castor, jusqu'à la création en juin 1954 de la Confédération Française des Unions de Castors (CFUC), réunissant les associations départementales de la Seine et de la Seine-et-Oise, et l'UNC. Mais à partir du début de l'année 1955, avec le lancement du programme des grands ensembles, le mouvement commençait déjà à décliner. La préférence générale des pouvoirs publics allait désormais vers le collectif et le locatif. Après la dissolution de la CFUC en mai 1955, le mouvement Castor fut progressivement intégré dans le mouvement coopératif, sous l'impulsion constante des dirigeants de l'UNC.
 

Le mécanisme de la formule Castor

  • participer, pendant leurs loisirs, à la construction de leur maison, en assurant personnellement le maximum de main d'oeuvre non-spécialisée, et en complétant ainsi l'insuffisance des prêts consentis par l'Etat
  • planifier les travaux à effectuer, rassembler les achats de matériaux et, en construisant en série, réduire au maximum le coût de la construction.

Sources : Robert CADET, Des « Castors » à Antony ; bulletin d'information Le Castor