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La Révolution française à Chavigny


La parole au peuple

En décidant de convoquer les Etats Généraux, le roi Louis XVI donne pour la première fois la parole au peuple. Dans chaque paroisse, une assemblée de tous les chefs de famille se réunit pour désigner des délégués et pour rédiger un cahier de doléances.

A Chavigny, l’assemblée municipale se réunit le 22 juin 1788 dans la maison d’école: il y a peu d’absents, puisque 59 personnes sont présentes, comme l’attestent leurs signatures.
Les habitants, dans un esprit d’équité et de continuité, désignent pour les représenter des hommes instruits qui appartiennent aux trois principaux groupes sociaux : Joseph Henry pour les laboureurs, Sébastien Lataye comme vigneron et l’aubergiste Nicolas Bourguignon, qui est au nombre des artisans et commerçants.

Par la suite, Joseph Henry, qui est l’homme le plus riche du village, sera élu “syndic”, et pour le remplacer, on nommera comme nouveau délégué lors d’une assemblée ultérieure Hubert Richard, qui est un des principaux vignerons.

Les revendications des habitants

Le Cahier de doléances élaboré par la communauté des habitants présente de grandes ressemblances avec ceux des villages voisins. Il commence par exposer des revendications générales, dont la première est celle de l’égalité devant l’impôt: les contributions doivent être réparties également entre tous les citoyens, sans exemptions ni privilèges, en tenant compte seulement des biens qu’ils possèdent.

Viennent ensuite des critiques relatives au mauvais fonctionnement de la justice et à la perception des impôts indirects.

Mais à partir du dixième alinéa, on voit apparaître des revendications qui concernent plus particulièrement Chavigny.
Les habitants n’ont pas oublié le procès qu’ils ont perdu contre la maîtrise des Eaux et Forêts, et réclament à nouveau la pleine propriété du bois de Champelle, qu’un seigneur leur aurait donné au XVe siècle !

Ils exhalent librement toutes leurs vieilles rancœurs : au sujet de la dîme du vin, qui est payée chez eux dans les maisons, et non pas à la vigne, comme cela se fait ailleurs; contre les pigeons du colombier seigneurial, que l’on devrait enfermer à l’époque des semailles et des moissons, car ils font beaucoup de dégâts ; contre les arbres plantés au bord des chemins, qui font trop d’ombre aux cultures des parcelles limitrophes.

Ils protestent encore contre une nouvelle taxe qu’on lève maintenant sur la distillation des marcs de raisin.
Sur tous ces thèmes, l’opinion villageoise est évidemment unanime.

Revendications religieuses

En matière religieuse, la critique est tout aussi pertinente. Les habitants n’acceptent plus de n’être desservis que par un simple vicaire, soumis à ce que l’on appelle la “portion congrue”. Ils veulent que chaque village ait un curé titulaire, et que ce soit la paroisse qui bénéficie effectivement de la dîme, selon l’esprit dans lequel la dîme avait été initialement instaurée, au profit “de son pasteur et de ses pauvres”.

Mise en place du Conseil général de la commune

C’est cet état d’esprit de revendication ferme, mais modérée, portée par les petits notables locaux, qui domine pendant toute la première partie de la Révolution.

L’application à la fin de 1791 de la nouvelle loi municipale, votée par l’Assemblée constituante, permet la mise en place d’un “conseil général de la commune”, présidé en 1792 par Hubert Richard et en 1793 par Joseph Claude Henry, fils de Joseph Henry.

Le secrétaire de mairie est le jeune instituteur Mansuy Babillon. On voit cependant apparaître, à côté de cette municipalité de petits notables, un “comité de surveillance”, qui groupe des personnages d’idées plus avancées.
Il fait une place à des citoyens de condition très modeste, comme le pauvre cordonnier Claude Badel, qui sait à peine signer son nom, mais on trouve à côté d'eux le meunier Nicolas  Alexandre et le distillateur Nicolas Cholay, lieutenant du détachement de la Garde nationale formé dans le village.

A vrai dire, ce comité ne fait état que d'incidents minuscules, dus à des conflits de personnes, et cela ne fait que souligner le calme
remarquable qui a régné à Chavigny jusqu'en 1795.
A cette date, une nouvelle loi municipale regroupe les anciennes communes: de 1795 à 1800,
Chavigny n'est plus qu'une annexe de la grande commune de Pont-Saint-Vincent.