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Chavigny à la veille de la Révolution Française


Une population en augmentation

Chavigny, compte, d’après les documents officiels, 370 habitants à la veille de la Révolution Française. Dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle en effet, la population continue à augmenter, à la fois par son dynamisme interne et par l'arrivée de nouvelles familles de cultivateurs, de vignerons et d'artisans, qui veulent profiter de la prospérité créée par la proximité de la ville de Nancy.

Ces migrations, ainsi que les échanges économiques, sont favorisées par les nouvelles routes que l'on construit en Lorraine à l'époque du roi Stanislas.
Les habitants des villages traversés murmurent, car ils sont réquisitionnés chaque année pour des corvées de charrois et d'empierrement des chaussées; mais ils en sont aussi les bénéficiaires, car le vin et les céréales qu'ils produisent peuvent maintenant se vendre sur un marché qui déborde le cadre local.

L'abondance se répand le long des routes qui entourent Nancy, et elle attire les habitants des districts pauvres et surpeuplés.

La route royale

L'année 1757 marque une grande date dans l'histoire du village : c'est celle de la construction de la route royale de Nancy à Langres sur le territoire de la communauté. Jusqu'ici, les voitures à cheval étaient obligées d'emprunter le Chemin de la  Vierge pour accéder aux actuelles maisons forestières et pour traverser le plateau de Chasset en direction de Nancy : la montée était étroite et difficile, et en sens inverse, la descente était considérée comme périlleuse. C'est pourquoi on a décidé de créer une chaussée plus large, partant du centre du village, coupant à travers les propriétés existantes, et de lui donner une pente plus faible grâce au lacet de l'épingle à cheveu.

Toutefois, les premières constructions de maisons le long de cette partie de la rue de Nancy située au-dessus du carrefour de la rue du Bouchot et de la place de la Résistance ne datent que des années 1800.

Le centre village s'aménage

Le village n'a pas encore besoin de s'étendre en longueur, car il cherche plutôt à aménager sa partie centrale : des maisons se construisent des deux côtés de la place, que l'on a assainie en captant les eaux du Mazot pour les besoins de la nouvelle route.

De part et d'autre de cette place, on aménage deux fontaines, celle du haut (aujourd'hui place de l'église) et celle du bas. En même temps, on abandonne les dernières habitations qui subsistaient à la limite des bois. Le symbole de ce recentrage de Chavigny sur le fond de la vallée est la construction de la nouvelle église, consacrée en novembre 1773.
Elle remplace la vieille église devenue trop petite et trop coûteuse à réparer qui se trouvait à proximité de l'ancienne Tour Saint-Blaise, elle-même presque à l'abandon.

Pour pouvoir financer la construction du nouvel édifice du culte, la communauté des habitants a dû obtenir du roi lui-même l'autorisation d'exploiter et de vendre le bois de son "quart en réserve", c'est-à-dire de la partie de la forêt communale qui pouvait être coupée pour faire face à de grosses dépenses d'investissement.

Un village privilégié

L'impression générale que nous donne le village de Chavigny avant la Révolution est celle d'un village favorisé. Le seigneur de la Tour Saint-Blaise, qui réside à Gondrecourt, a vendu ses propriétés et n'intervient plus dans la vie locale. L'assemblée des habitants, à laquelle toutes les familles sont représentées, décide des affaires de la communauté. Elle élit un syndic qui administre ses biens. Un "sergent de ville" fait respecter les règlements municipaux.

Il existe un vicaire à demeure, logé par la communauté, et un instituteur public, choisi par la communauté et titulaire d'un contrat qui lui impose, comme c'est le cas partout ailleurs, de sonner les cloches et de faire office de sacristain.
Même si l'enseignement qu'il dispense n'est pas de haut niveau, on constate tout de même, d'après les registres paroissiaux, que tous les hommes nés à Chavigny savent écrire et que les femmes originaires du village savent au moins signer leur nom, ce qui n'est pas souvent le cas des nouveaux venus. Il faut aller à Pont Saint Vincent pour trouver un médecin, mais la communauté désigne sur place une "matrone", chargée de présider aux accouchements et en même temps aux baptêmes, si l'enfant est en danger de mort. La cohésion sociale est grande dans le village: elle aidera à traverser sans déchirements trop dommageables les épreuves de la Révolution.