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Un siècle de reconstruction (1660-1750)


Une lente reconstruction

Après les malheurs de la Guerre de Trente Ans, la population ne se reconstitue que très lentement. La Communauté des habitantsde Chavigny n’est encore composée, lors de la Déclaration de 1708, que d’une vingtaine de familles, ce qui correspond sans doute à cette époque à une centaine de personnes.
Parmi ces habitants, un tiers sont des “laboureurs”. Cette dénomination indique qu’ils disposent au moins d’une charrue, de chevaux et d’un peu de bétail.
Quand ils possèdent de la terre, ils ne sont propriétaires que d’une partie des terres qu’ils exploitent; le reste appartient au seigneur de la “Tour Saint-Blaise” ou à quelques propriétaires nobles ou bourgeois résidant à Nancy. Certains de ces laboureurs sont originaires du village, d’autres non: ils sont issus des villages voisins, avec lesquels ils ont conservé d’étroites relations familiales. Ils profitent de leurs attelages pour se faire à l’occasion “voituriers” et transporter le bois de la forêt.

Une majorité de vignerons

La majorité des habitants sont “vignerons” et souvent en même temps “artisans”. Ce ne sont pas, sauf peut-être à la fin de cette période, des artisans qualifiés, ayant été en apprentissage chez un “maître” de Nancy ou d’ailleurs. Ces artisans ruraux sont charpentier, charron, maréchal ferrant, aubergiste... On les retrouve aussi bien parmi les bûcherons quand le besoin s’en fait sentir. Cette polyvalence s’explique parce que la main d’œuvre est encore rare. Elle reste principalement familiale: c’est pourquoi il est bon d’avoir de nombreux enfants. Grâce aux ef
forts de tous, les friches et la forêt, qui avaient envahi les terres cultivables à la suite de la guerre, reculent progressivement.

Les premières règles d'urbanisme

De nouveaux règlements imposent désormais de ne plus établir les maisons au hasard, mais de les aligner le long de la nouvelle route qui traverse le village. Elles s’édifient donc de part et d’autre de la partie étroite du début de la rue de Neuves-Maisons et au bord de la place, où le ruisseau du Mazot coule encore à l’air libre.
Cette route vient buter contre un groupe de maisons anciennes, qui se trouve alors à hauteur de la place de la Résistance (et dont on devine quelques vestiges dans les constructions actuelles rue de Nancy et impasse du Mazot). Puis elle remonte par l’actuelle rue du Bouchot, pour rejoindre la Vieille Route du Moyen Âge (c’est-à-dire la rue des Castors et le chemin de la Vierge), qui conduit aux actuelles maisons forestières.
Mais les nouvelles constructions n’occupent que fort lentement les rives de la route. Il reste longtemps des emplacements libres, que les propriétaires vendent progressivement à mesure que s’expriment des demandes. On voit aussi des divisions
par héritage, ou encore un fils construisant sa maison dans le jardin attenant à l’habitation de ses parents. On aboutit finalement, vers 1750, ou un peu plus tard, à des maisons qui sont toutes mitoyennes et à une parfaite continuité des façades. La population, qui a beaucoup augmenté, malgré quelques épidémies périodiques, doit atteindre approximativement à cette date le chiffre de 300.

Une vie communale organisée

La vie du village s’organise maintenant suivant des règles bien précises. Il n’y a pas de maire à proprement parler, car il existe un seul “maire” pour tout le comté de Chaligny, mais un “lieutenant de maire”, qui en remplit localement les fonctions et représente le pouvoir seigneurial. Les habitants élisent aussi dans leur assemblée annuelle un “syndic”, qui est un porte parole chargé de défendre leurs intérêts matériels. La municipalité est complétée par un “sergent” et par des gardes champêtres chargés de surveiller les récoltes. Depuis les années 1680 au moins, il existe un maître d’école, payé à la fois par la municipalité et par ceux des parents qui en ont les moyens, et un vicaire résidant, qui habite la “maison de cure” mise à sa disposition par la communauté des habitants.